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Les défis actuels et futurs de la gestion de l'eau en Afrique

Mer 08 septembre 2021
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Classé dans Actualités

L’eau est la ressource la plus prisée de la planète. L’Afrique est l’un des continents les plus favorisés en la matière, avec 17 grands fleuves et 260 lacs. Les ressources en eau sont évaluées à plus de 5000 milliards de m3 annuellement. Pourtant, plus de 300 millions d’Africains, soit 40% de la population n’ont toujours pas accès l’eau potable. Selon l’OMS, 30 millions de personnes meurent chaque année, en raison de la consommation d’eau impropre. Des dizaines de milliers d’autres perdent la vie du fait d’événements liés à l’eau. 

Entre l’absence de cadre législatif, la mauvaise répartition, la mauvaise gestion, les changements climatiques, la sécheresse… les défis liés à la gestion des ressources en eau restent importants.

 Gestion Eau En Afrique

 D’importants défis à relever

« L’accès universel et équitable à une eau potable et abordable pour tous d’ici 2030 » voulu par l’ONU dans ses objectifs pour le développement durable frôle l’échec. A moins de 10 ans de la date fixée, la majorité des pays africains peine à se trouver une stratégie efficace de gestion des ressources en eau. Ces difficultés se situent à différents niveaux.

Selon la Banque Africaine de Développement (BAD), beaucoup de pays en Afrique, ne disposent pas de politique nationale sur la gestion de l’eau. La Banque ajoute que même quand elle existe, elle est « inappropriée ». Ainsi, en l’absence de cadre institutionnel, la gestion est « improvisée », et aucune planification n’est prévue ou envisageable. Ceci est préjudiciable au développement du secteur, dans la mesure où cette politique devrait favoriser l’adoption d’une législation en lui servant de fondement. Par exemple, elle permettrait de situer les responsabilités en ce qui concerne les problèmes récurrents sur la qualité de l’eau, ou les cas de pénurie constatés. 

Les ressources en eau renouvelable s’élèvent à 3931 Km3 selon la FAO, mais restent inégalement réparties. La république démocratique du Congo concentre à elle seule 24% de ce potentiel, soit la moitié que détient toute l’Afrique centrale (48%), et autant que l’ensemble des pays irrigués par le Golfe de Guinée. La partie nord est la moins bien nantie avec seulement 1% des ressources.

De plus, l’approvisionnement en eau connait un grand déficit dû à une pluviométrie de plus en plus en baisse. Si pendant longtemps, les pluies abondantes ont fortement aidé à faire face au manque d’eau, la réalité est aujourd’hui différente. Les besoins en eau connaissent une forte hausse. Paradoxalement, on assiste à des pluies plus rares, plus faibles, avec une importante évaporation des eaux de surface, et la perturbation des cycles hydrologiques. Ces phénomènes dû aux changements climatiques ont accru le déficit d’approvisionnement en eau. Ce qui constitue un sérieux handicap pour les pays, dont trois quarts d’entre eux, selon le GIEC (Groupe intergouvernemental des experts sur l’évolution du climat), dépendent fortement de l’intensité des précipitations.

Aussi, faut-il noter de grosses inégalités qui règnent entre les villes et les zones rurales dans la redistribution de l’eau potable disponible. L’accès à l’eau potable est en moyenne deux fois plus élevé dans les villes que dans les zones rurales. D’ailleurs, l’OMS révèle à ce propos, qu’en 2012, 80% de la population urbaine disposaient de moyens d’assainissement améliorés, contre 47% dans les zones rurales. Pis, en 2015, seulement 24% des populations rurales avaient accès à une eau non contaminée.

Par ailleurs, la sécheresse prend des proportions inquiétantes, causant la famine pour des millions d’habitants. Les inondations sont à l’origine d’importants dégâts matériels ces dernières années, et font des milliers de pertes en vies humaines. L’insuffisance d’investissements, et d’infrastructures, conjuguée aux effets destructeurs des eaux usées sont des défis aussi importants contre lesquels des solutions globales, et à fort impact communautaire devraient être envisagées. Bien heureusement, les initiatives ne manquent pas.

Quelques lueurs d’espoir…

Plusieurs voies sont explorées en vue de trouver des solutions durables aux nombreux défis que rencontrent les Etats africains dans la gestion de l’eau. Celles ayant impliqué la Commission Européenne et des partenaires africains, semblent susciter beaucoup d’espoir. Cette collaboration a notamment permis de développer plusieurs initiatives :

  • FLOWERED
    Le projet Flowered a permis de traiter les eaux souterraines contaminées par le fluorure dans la vallée du rift-est africain, où sont situés l’Ethiopie, le Kenya, et la Tanzanie. Les chercheurs sont parvenus à la défluoration de l’eau et à la rendre consommable au bout de 2h du temps. L’investissement n’a couté que 200 dollars.

  • VicInAqua
    Ce projet, a réuni 11 chercheurs africains et européens pour sauver le lac Victoria, l’un des plus importants du continent. Il permet à la fois de renforcer la disponibilité en eau douce, d’améliorer la productivité halieutique et de protéger l’environnement.

  • AfricAlliance
    Encore une belle initiative. Elle réunit des partenaires d’Afrique et d’Europe issus des secteurs public, privé, et de la société civile. Elle travaille à améliorer les politiques, la recherche, l’innovation, et le développement des capacités dans le domaine de l'eau et du climat. Dix groupes d’actions ont été créés, et leurs travaux portent sur l’ensemble des problématiques de l’eau. Le Scaling of Citizen Science based Water Resource Monitoring (Ubuntu), par exemple, s’intéresse au suivi des ressources en eau, quand le Planning for Drought in Semi-Arid Africa (P4D), lui, a développé des techniques afin de contrer ou prévenir les effets de la sécheresse dans les régions déjà touchées, ou les plus exposées.

  • WATERSPOUTT
    Le projet WATERSPOUTT permet de traiter 200 litres d’eau de pluie toutes les 5 heures, grâce aux technologies de désinfection solaire. 

Outre ces projets d’envergure, le digital a favorisé toujours dans le cadre de cette collaboration, la mise en œuvre d’autres solutions. Il s’agit de MADFORWATER, et de SafeWaterAfrica.

  • MADFORWATER
    MADFORWATER a allié la gestion à la technologie pour développer des outils pour le traitement des eaux usées, et les destiner à l’irrigation de l’agriculture dans la région de la MENA (Afrique du Nord et Moyen Orient). Cette invention est d’autant plus importante que cette activité consomme 80% de la quantité d’eau douce de cette région qui est pourtant l’une des plus défavorisées en la matière.

  • SafeWaterAfrica 
    L’intérêt de SafeWaterAfrica, était de réussir la désinfection de l’eau issue des ménages dans les zones rurales les plus reculées. Rendre pérenne cette eau désinfectée, et à un coût peu élevé, faisaient partie des attentes. Les chercheurs sont parvenus à un dispositif qui peut être alimenté au solaire, et fonctionnant de manière autonome grâce au photovoltaïque. Mieux, il peut pourvoir aux besoins en eau de 300 personnes, avec ses 10 m3 produits. Selon les experts qui l’ont développée, cette unité peut être installée dans des endroits très éloignés. Son coût peu élevé et surtout sa flexibilité rendent possibles sa mise en œuvre par les populations locales. Elle est dotée d’un système de diagnostic à distance qui permet d’afficher les données, évaluer la qualité de l’eau et prendre en charge la maintenance opérationnelle et la réparation. 
  • SIG-P
    D’autres programmes sont également porteurs. C'est le cas du SIG-P (Système d’information géographique) notamment, qui nourrit de gros espoirs. Il vise à améliorer la fiabilité, l’accessibilité des informations sur les ressources en eau, et en forêt et à soutenir la sécurité alimentaire. 

La SIPPEC se positionne !

A l’évidence, une implication plus accrue du secteur privé africain est nécessaire pour garantir l’autosuffisance en eau à tous, et mieux contrer les menaces liées à cette ressource. Ces entreprises pourraient, dans le cadre de leur responsabilité sociétale ou politique de développement durable, susciter et accompagner des initiatives qui tentent de résoudre des problématiques liées à l’eau, même localement.

La SIPPEC (Société Industrielle de Produits Plastiques et Chimiques) s’est inscrite dans cette démarche. Elle a développé une gamme complète de produits de qualité, utilisés dans la distribution et le traitement des eaux usées. Son expertise reconnue lui a valu d’être sélectionnée par la SODECI, dans le cadre du projet APTFPorté par l’Etat ivoirien, à travers son ministère de l’Hydraulique, APTF vise à terme, le raccordement à l’eau potable de 155 quartiers du Grand Abidjan. 

Qualifiant la gestion de l’eau d’enjeu majeur de développement, elle a mis l’accent sur la formation, et le développement de solutions technologiques et matérielles. Cette volonté s’est traduite par la création d’une académie en 2018, qui a formé à ce jour, plus de 4000 peintres et plombiers. Aussi, le partenariat tissé avec le CNPJE (Comité National des Jeunes Professionnels de l’Eau) en Côte d’Ivoire s’inscrit-il également dans cette optique. L’Objectif est de sensibiliser les acteurs du secteur aux bonnes pratiques pour la protection de l’environnement et au développement durable. SIPPEC apporte à cette association un accompagnement financier, logistique, technologique, et son savoir-faire.

SIPPEC ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Elle prévoit d’autres initiatives similaires ou de plus grande envergure les mois à venir.