Quelles solutions pour optimiser les investissements dans le secteur de l'eau ?
L’importance de l’eau dans l’activité humaine fait de ce secteur l’un des plus vitaux de notre existence et du développement de nos pays. Malheureusement, en Afrique, l’eau reste encore rare. La région subsaharienne détient les taux les plus bas de la planète en ce qui concerne l’accès à l’eau potable et à l’assainissement. La réalité en Côte d’Ivoire n’est pas différente. Face à une croissance démographique galopante, l’optimisation des investissements demeure une problématique majeure. Plus vite elle sera résolue, mieux le secteur se portera.
Optimiser les investissements pour répondre aux problématiques de l'eau
Les gouvernants africains et les institutions multilatérales de développement sont unanimes sur le fait que les financements actuels dans le secteur de l’eau ne sont pas suffisants. Les efforts doivent être doublés pour tenter d’assouvir la soif des plus de 280 millions de personnes qui aspirent à consommer une eau saine et pure.
La facilité africaine de l’eau (FAE) est une initiative mise en œuvre par les pays et des partenaires au développement pour tenter d’améliorer la situation. Elle a permis de mobiliser déjà plus de 650 milliards de FCFA, investis dans tous les secteurs de l’eau. Dans la même perspective, l’Initiative pour l’alimentation en eau et l’assainissement en milieu rural (RWSSI) a pourvu aux besoins en eau de 97 millions de personnes, et d’assainissement à 70 millions. Des avancées possibles grâce à une synergie d’action de gouvernants africains, de la BAD et d’autres bailleurs.
Au niveau spécifique de la Côte d’Ivoire, des projets d’envergure ont permis d’obtenir le soutien de divers partenaires financiers pour leur mise en œuvre. Le projet de renforcement de l’alimentation en eau potable et d’assainissement en milieu urbain bénéficie du soutien de la Banque Mondiale. Il devrait permettre à terme d’augmenter la capacité en eau potable et permettre à plus d’un million de personnes d’en jouir. Il devrait en outre aider à créer des services d’assainissement et d’hygiène dans des centaines d’écoles, ou à les améliorer dans des établissements scolaires qui en bénéficient déjà.
Le programme « Eau pour tous » lancé en 2017, a également bénéficié de l’apport de partenaires, dont la Banque européenne d’investissement (BEI). Mais plus d’une année après la date prévue pour son achèvement (2020) des millions d’ivoiriens manquent encore d’eau. La disponibilité de l’eau potable est réelle pour environ 70% de la population, alors que l’objectif de départ était de 95%. Ce succès en demi-teinte de ce programme ambitieux achève de convaincre sur les profondes difficultés que rencontrent les autorités ivoiriennes à mobiliser les fonds nécessaires à sa réalisation.
Selon des experts, près de 650 milliards sont nécessaires pour porter le taux de couverture à 82%, et encore plus pour atteindre les 100%. Plusieurs leviers sont à considérer pour atteindre ces objectifs
Augmenter les investissements
Les financements dans le secteur de l’eau en Afrique proviennent à 85% des Etats africains. Cependant, le niveau de ces investissements reste marginal et représente moins de 3% des dépenses globales annuelles. L’enveloppe budgétaire du secteur doit être revue à la hausse par les gouvernants pour justifier leur intérêt sans cesse croissant pour l’eau. L’apport des bailleurs de fonds peut être déterminant dans cette perspective. Il va falloir pour cela, faire preuve de transparence dans la gestion et la mise en œuvre des projets.
Faire preuve de bonne gouvernance
Comme dans bien de domaines, le secteur de l’eau souffre d’un manque de transparence dans la gestion des ressources mises à disposition. Pour la Banque Africaine de développement, qui a épinglé cette faille, la bonne gouvernance doit être de mise. L’adoption ou le renforcement des cadres juridiques, politiques et réglementaires dans toute la chaine de valeur de l’eau, la résolution des conflits, et l’arbitrage impartial sont les normes qui doivent régir le secteur. A ces aspects, il faudra ajouter la régulation et le contrôle des usagers de l’eau et des prestataires de services. Autant de garanties qui devraient rassurer les investisseurs sur la capacité des acteurs locaux, et notamment de l’Etat, à gérer de manière efficace et transparente les financements destinés au secteur l’eau.
Décentraliser les rôles
La dette du secteur de l’eau reste élevée. Outre cet aspect, la fracture entre les villes et les zones rurales en ce qui concerne l’accès à l’eau et les problèmes d’entretien des infrastructures, surtout dans les villages, accentuent les défis à relever. Selon la BAD, la décentralisation des services au niveau de l’opérateur d’eau pourrait être un pas de géant dans la résolution de ces problèmes.
La loi n°2003 – 208 du 7 juillet 2003 portant répartition et transfert des compétences de l’Etat aux collectivités territoriales épousait cette vision. Elle prévoyait faire des collectivités décentralisées les maîtres d’ouvrage des infrastructures d’eau et d’assainissement en milieu rural. Mais les décrets d’application de cette loi sont restés, jusqu’aujourd’hui, lettre-morte. Le moment est peut-être venu de ressusciter cette loi, et garantir les moyens de son application effective.
Garantir la rentabilité des investissements
De nombreux investisseurs estiment que les financements dans le secteur de l’eau ne sont pas rentables. Toutefois, les bons résultats obtenus avec la Facilité africaine de l’eau notamment, démontrent bien que l’eau reste fortement un secteur porteur. Le tout réside en la capacité des projets à ressortir la corrélation qui existe entre le niveau de l’investissement dans l’eau et l’accomplissement d’autres Objectifs du millénaire. En effet, le PNUD estime qu’investir dans l’eau peut aider de manière considérable à réduire la mortalité infantile, la pauvreté, et à renforcer le combat contre le paludisme, et les maladies d’origine hydrique. L’éducation primaire universelle, un autre objectif du millénaire en sortirait également renforcée.
Par ailleurs, les partenariats public-privé, ou les projets dans un cadre multilatéral ou à bilatéral pourraient constituer des facteurs catalyseurs pour garantir leurs succès.
Réorienter les subventions au bénéfice des pauvres, subvention financée par des taxes sur les intrants et équipements
La plupart des programmes d’adduction en eau potable comporte des branchements sociaux. Si les efforts consentis sont considérables, ils ne semblent pas avoir produit un changement significatif. L’une des raisons est que les subventions censées soutenir les ménages pauvres profitent également, sinon plus, aux personnes nanties. Des études mieux élaborées devraient permettre à ces capitaux de profiter à ceux qui en ont réellement besoin.
Aussi, faut-il noter que le financement de cette subvention n’est pas un pari gagné d’avance. Certains spécialistes pensent que les taxes prélevées sur les intrants utilisés dans le secteur, et une partie de la manne fiscale prélevée sur les entreprises qui l’animent, devraient garantir de meilleurs résultats. Dans les années 70, une initiative similaire avait permis de financer de nombreux projets dans le secteur, sans apport de financement public.
Les défis actuels sont bien plus importants, car les besoins se sont accrus. Le rôle du financement ne doit donc pas être dévolu à un seul acteur, fut-ce l’Etat. Une plus grande implication de l’ensemble des acteurs est nécessaire dans la perspective de meilleures performances.
Ce que fait la Sippec
A la SIPPEC, nous nous sommes rendus compte qu’une partie importante des ressources financières mobilisées pour le secteur de l’eau était engloutie dans les réparations et l’entretien des équipements existants. Cette réalité cause bien évidemment un manque à gagner aux autorités publiques, responsables de la performance du secteur. L’utilisation d’équipements de qualité et adaptés à la spécificité de la tâche à réaliser apparaît comme un début de solution. C’est pourquoi, pour tous les produits que nous proposons, nous avons mis l’accent sur la qualité. Nous croyons avoir fait le bon choix, puisque nous sommes devenus, en si peu de temps, un partenaire privilégié de l’ensemble des acteurs.
Aussi, sommes-nous conscients que les équipements et infrastructures de qualité ne suffisent pas à résoudre les nombreuses problématiques du secteur, dont celle du financement. L’accès à l’eau reste donc un défi quotidien, en témoignent les files interminables devant des points d’approvisionnement dans plusieurs quartiers d’Abidjan, la capitale économique. Même dans les quartiers bénéficiant d’un bon débit dans les robinets, des centaines de ménages ne disposent pas de moyens assez suffisants pour s’offrir un abonnement et se raccorder au réseau. Dès lors, soutenir les branchements pour les couches défavorisées serait fortement salutaire. C’est ce devoir que nous tentons de remplir en finançant les subventions accordées dans le cadre du programme « eau pour tous ».
Bien entendu, nous continuerons d’apporter notre concours aux acteurs du secteur de l’eau sur bien d’autres aspects. C’est pour nous, la preuve de notre engagement en faveur d’une société ivoirienne plus heureuse, plus épanouie !