L’APPORT DU DIGITAL DANS LA GESTION DE L’EAU
L’optimisation de la gestion de l’eau fait l’objet de nombreuses recherches dans le monde entier. En Afrique où les besoins en la matière sont plus importants, les acteurs explorent diverses pistes pouvant leur permettre de combler les insuffisances. Le digital apparait comme un levier important pour améliorer l’accès à l’eau et à l’assainissement. Plusieurs y voient la porte du salut, au vu du boum que connaissent les solutions digitales, et des progrès qui ont grâce à elles dans d’autres domaines et dans des pays hors du continent.
DE l’USAGE DU DIGITAL
Le digital a conquis notre monde. Sa présence dans le quotidien des hommes et des entreprises est telle qu’il serait difficile d’imaginer les avancées actuelles dans nos vies en s’en privant. Même si l’Afrique affiche une performance en deçà de son énorme potentiel, elle a vu naître de belles inventions qui ont contribuées à réduire la fracture numérique entre les différentes parties du monde, et à favoriser le développement dans plusieurs domaines. La santé, l’éducation, la finance, l’agriculture ont été fortement impactées par les avancées du numérique. La percée du mobile est l’une des raisons qui expliquent la vulgarisation des outils digitaux sur le continent noir. D’après l’association internationale des opérateurs de mobile (GSMA), la partie subsaharienne détenait à elle seule environ 338,4 millions d’abonnés à la fin 2017. En ce qui concerne le digital, les africains suivent la cadence avec plus de 720 millions d’utilisateurs de smartphones en 2020.
Cette forte propension pour le digital est le fait des nombreuses solutions qu’il offre à ses usagers. Alors que l’eau représente l’un des plus gros défis pour le continent, de nombreux partenaires financiers et les populations croient, à raison, que la digitalisation est la clef de voûte du succès dans la gestion de l’eau.
DIGITALISATION DE LA GESTION DE L’EAU
Dans les pays africains, les investissements dans les infrastructures d’eau sont parmi les moins élevés. La digitalisation des services ou du processus de gestion de l’eau peut aider à répondre aux besoins sans cesse croissants des populations. Elle peut servir à améliorer la qualité de service, à détecter les fuites ou les pannes, et à faciliter les réparations éventuelles.
Ainsi, dans plusieurs pays du continent, les scientifiques se sont engagés dans le développement de solutions en vue d’améliorer l’accès des ressources en eau.
En Côte d’Ivoire, les initiatives dans ce sens se trouvent encore à l’état embryonnaire. Mais la situation est différente ailleurs avec des pays comme le Kenya, le Togo, ou encore l’Afrique du sud.
Maji-voice, M-Maji et HydroIQ au Kenya
Au Kenya, l’accès à l’eau demeure très faible. Un rapport publié conjointement par l’OMS et l’UNICEF en 2019, renseigne que 59% de la population ont accès au service de base de l’eau, et seulement 29% à l’assainissement. La plateforme Maji-Voice, mise en place avec l’aide de la Banque mondiale, permet de mettre en relation les fournisseurs de services d’eau, les populations et le régulateur. Les usagers informent, grâce au logiciel, les sociétés de distribution d’eau sur les problèmes qu’ils rencontrent, et suivent le traitement de leurs réclamations en temps réel. C’est une innovation majeure qui a permis à Ltd (NCWSC), le plus grand service d’eau du pays, de réaliser des performances notables. Les plaintes enregistrées sont passés à 46%, contre 94%, au départ, dès la première année, le temps consacré à leurs résolutions a également diminué de moitié. La solution a depuis été étendue aux à Nakuru, Mathira et Nanyuki.
Toujours au Kenya, M-Maji et HydroIQ se sont avérées très utiles aux populations. La première fournit aux usagers, les informations sur la disponibilité de l’eau, le prix, et la qualité. La seconde, elle, informe sur les tendances d'approvisionnement et de consommation, assure la maintenance prédictive et détecte les fuites. Elle propose la facturation des services, ainsi que des moyens de paiement, le tout via une seule interface.
Sofie au Togo
Le Sofie, un système développé au Togo offre une chance unique aux populations. Dans ce pays où 39% de la population rurale n'a pas accès à une source d'eau améliorée, la gestion de l’eau est une question primordiale. Les infrastructures d’eau sont en nombre et insuffisant, et leur entretien en cas de défaillances peut prendre plusieurs jours, des mois dans certains cas. Une situation fort préjudiciable pour les communautés qui, pendant ce temps, sont privées d’eau potable.
Grace au Sofie, Suivi des Ouvrages de Forages et des Indicateurs pour l’Eau, les réparations sont effectuées plus rapidement. La technologie repose sur la téléphonie mobile. Son but ? Assurer l’approvisionnement continu et permanent en eau potable. Elle suit le fonctionnement des forages d’eau en temps réel, détecte puis localise les pannes. Les informations transitent ensuite par différents canaux jusqu’à un serveur qui informe le réparateur sur la nature des pannes. Ce dernier valide la commande, et se rend sur place avec le matériel nécessaire pour procéder aux réparations dans un délai maximum de 72 heures.
La solution sud-africaine
En Afrique du Sud, les pertes en eau s’élèvent chaque année à 36% de la quantité globale disponible pour les usagers. La situation est encore plus inquiétante dans la région du Cap où l’accès à l’eau est l’un des plus faibles du pays. Pour améliorer la situation, des solutions digitales de collecte et d’analyse de données sont nécessaires. C’est à cette préoccupation qu’a répondu Siemens qui a conçu un logiciel en vue d’optimiser le fonctionnement et la maintenance d’une usine de traitement d’eau. Des capteurs installés sur les infrastructures existantes permettent de détecter plus facilement les fuites d’eau.
LA SIPPEC COMME PRÉCURSEUR ?
Vous l’avez sans doute constaté, notre pays, la côte d’Ivoire, accuse un retard dans la digitalisation de la gestion de l’eau. Le potentiel humain et le savoir-faire existent, seul l’accompagnement financier semble faire défaut. C’est pour cette raison que nous organiserons dans les semaines à venir un hackathon. Les participants devront développer des idées de solutions digitales ayant pour but d’améliorer les services et l’accès à l’eau. Le vainqueur bénéficiera d’un accompagnement de la SIPPEC pour développer son projet.
A travers cette initiative, SIPPEC réitère son engagement à jouer un rôle majeur dans le secteur de l’eau, et invite l’ensemble des acteurs à explorer la piste du digital pour relever les nombreux défis.